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D’où la règle : La racine ième ou racine d’ordre de la fraction est la fraction on peut donc écrire

L’extraction (exacte) de la racine ième d’une fraction est-elle une opération toujours possible ? Pour qu’il en fût ainsi il faudrait qu’il existât toujours une fraction dont la puissance ième fûtM égale à Or un exemple très simple va montrer que cela n’est pas.

Je dis qu’il n’existe pas de fraction dont le carré soit égal à (d’où il résulte que l’extraction exacte de la racine carrée de est une opération impossible). Supposons en effet qu’il existe une fraction telle que J’ai le droit de supposer (no 32 que l’on a réduit la fraction à une fraction irréductible, en sorte que et sont premiers entre eux (no 24). J’ai, par hypothèse, donc et par suite est un nombre pair[1] ; et, puisque et sont premiers entre eux, doit être un nombre impair. Mais appelons le nombre (ce nombre est entier puisque est pair) : j’ai et, par conséquent donc est pair, ce qui exige que soit pair (note 1). Ainsi, en admettant qu’il existe une fraction égale à nous aboutissons à cette conclusion que le nombre est à la fois impair et pair. Conclusion absurde qui nous oblige à rejeter notre hypothèse.

La démonstration qui précède est donnée par Euclide au livre X de ses Éléments, et s’il faut en croire Aristote[2], elle aurait déjà été connue de Pythagore, Elle nous apprend qu’en général les

  1. Le carré d’un nombre impair est nécessairement un nombre impair ; en effet, la décomposition de ce carré en facteurs premiers ne peut (pas plus que le nombre lui-même) contenir le facteur Donc si est pair, l’est aussi.
  2. Cf. Castor, Vorlesungen, I, p. 170.