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points ». « Prenant — dit Descartes, qui considère dans cet énoncé comme la variable indépendante et comme la variable dépendante[1] — successivement infinies diverses grandeurs pour la ligue on en trouvera aussi infinies pour la ligne et ainsi on aura une infinité de divers points tels que celui qui est marqué par le moyen desquels on décrit la ligne courbe demandée[2]. »

Que si, au lieu d’être donnée sous forme explicite, la fonction de est définie par une relation implicite elle est encore représentée par une courbe : cette courbe se trouve caractérisée par ce fait que l’abscisse et l’ordonnée de l’un quelconque de ses points satisfont à l’égalité (cf. 390).

538. — Ainsi à toute fonction correspond une ligne que nous appellerons ligne ou courbe représentative de la fonction). Voilà, à cela près qu’il n’envisageait que des coordonnées positives et se bornait par conséquent à l’étude des courbes situées dans l’angle[3] 1 de la fig. 186, ce que montra clairement Descartes. Ce faisant[4], il clarifia définitivement ce concept mystérieux de la fonction qui était le support invisible et de toutes les combinaisons algébriques (l’exposé de notre chapitre 1 a mis ce fait en évidence), Grâce à la figuration cartésienne, tous les caractères, toutes les propriétés des fonctions allaient en quelque sorte sauter aux yeux. On n’avait qu’à regarder pour les découvrir.

  1. Si l’on retourne ainsi le rôle des variables, la fonction représentée se trouve être la fonction fonction inverse de [vide, no 393]. Il est bien évident qu’une fonction et la fonction inverse sont toujours figurées par la même courbe.
  2. La Géométrie, liv. I, Œuv., t. VI, p. 386.
  3. Descartes retournait d’ailleurs la figure, en sorte que l’angle 1 était l’angle du bas à droite fig. 187.
  4. Il s’agit uniquement — ici et au paragraphe suivant — de la figuration des fonctions d’une variable. On aurait une figuration analogue des fonctions de deux variables indépendantes, en considérant comme l’équation d’une surface rapportée à trois axes de coordonnées (vide infra, chap. iv. Mais cette figuration, qui ne peut être réalisée graphiquement sur le papier, no rendrait guère de services à l’algébriste.