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403. — Ces remarques faites, proposons-nous de poursuivre l’étude de la croissance ou de la décroissance d’une fonction algé brique. Pour faciliter cette étude, nous allons être amenés à définir une opération nouvelle, dont la portée est considérable : l’opération de la dérivation.

2. — Dérivées

404. Le rapports — Considérons[1] une fonction de que je désignerai par le symbole qui soit égale à pour égale à et univoque et continue au voisinage de Je suppose que je fasse varier avec continuité à partir de (nos397 sqq.) : cela revient à donner à un certain accroissement (d’ailleurs positif ou négatif) : la variable en d’autres termes, passe de la valeur à la valeur Pendant ce temps, la variable subit, elle aussi, un accroissement positif ou négatif : elle passe de la valeur à la valeur

D’après le no 400, la fonction est croissante ou décroissante au voisinage de suivant que les accroissements et sont de même signe ou de signes contraires, et, par conséquent, suivant que le rapport est positif ou négatif. Ainsi le signe de ce rapport indique le sens de la variation de la fonction. Ce n’est pas tout : la valeur absolue du rapport peut être considérée comme donnant la mesure de la rapidité avec laquelle la fonction est croissante ou décroissante lorsque varie de à En effet, si ce rapport

  1. La notion de dérivée est, comme nous le verrons au chap. iii, § 3, intimement liée à celle de tangente à une courbe, et c’est sous ce vêtement géométrique qu’elle apparut d’abord dans la science ; elle fut définitivement tirée au clair par Newton et Leibniz [voir infra, Trois. Liv., chap. ii]. C’est de l’œuvre de ce dernier géomètre que procède historiquement le calcul des dérivées tel que nous le pratiquons aujourd’hui : les règles principales en sont exposées dans le traité « Nova methodus pro maximis et minimis itemque tangentibus, quæ nec fractas nec irrationales quantitates moratur, et singulare pro illis calculi genus » qui fut publié dans les Acta eruditorum en 1684. Le mot derivare est introduit par Leibniz dans sa Réponse à Newton de 1677 (Mathem. Werk., t. I, p. 154-62.