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THÉORIE DE LA FERMENTATION PANAIRE.

devenu presque noir, sans avoir d’ailleurs subi aucune fermentation bactérienne. Ce changement de couleur est dû à une oxydation, comme le montre l’expérience suivante :

De l’extrait aqueux de son est préparé comme ci-dessus, mais à l’abri de l’air : toutes les opérations, macération, filtration, sont faites dans une atmosphère de gaz carbonique. Le liquide limpide, blond clair, est introduit dans des tubes qu’on scelle à la lampe après y avoir fait le vide avec la pompe à mercure. Tant que le liquide reste dans ces tubes sans oxygène, il ne change pas de couleur ; si dans l’un des tubes on laisse rentrer l’air, le liquide qu’il renferme brunit peu à peu à partir de ce moment. C’est donc bien l’action de l’air qui produit ce changement de couleur. Or M. G. Bertrand a découvert[1] dans le latex de l’arbre à laque du Tonkin une substance qui jouit de la propriété de déterminer le transport de l’oxygène sur un principe oxydable, le laccol, et de le transformer ainsi en un vernis noir. Il a considéré cette substance comme une diastase et lui a donné le nom de « laccase ». Il a de plus annoncé que ce même principe, capable de provoquer l’oxydation de divers polyphénols, se rencontre dans un grand nombre de plantes. Le brunissement de l’extrait aqueux de son n’est-il pas produit de la même manière ?

On sait que les substances diastatiques ou analogues aux diastases perdent leur activité à 100°. Chauffons donc au bain-marie à 100° un des tubes contenant de

  1. G. Bertrand, C. R. Ac. des sc., 1895, CXX, p. 266.