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sur les principes de la mécanique

directiva, quanquam et directivam ex sola consideratione potentiæ absolutæ deducere et demonstrare possim. » (Lettre à Bernouilli, 28 janv. 1696).

Il est aisé de voir quelle est la différence essentielle entre la loi de Descartes et celles de Leibnitz. Si l’on considère un système quelconque d’atomes, la vitesse de l’un d’entre eux peut, selon Descartes, être altérée en direction, pourvu qu’elle reste constante en grandeur, sans que la quantité de mouvement du système ait varié. Dans l’hypothèse cartésienne, une molécule quelconque peut éprouver dans son mouvement une perturbation, sans exercer aucune influence sur les molécules voisines.

Avec les lois de Leibnitz, au contraire, dès que la vitesse d’un point quelconque varie, soit en grandeur, soit en direction, la quantité de progrès serait augmentée ou diminuée s’il n’y avait aucune autre modification dans le système. Pour que cette quantité ne soit pas altérée, ainsi que l’exige la loi leibnitienne, il faut que tout changement dans le mouvement d’un atome soit accompagné d’un changement contraire dans le mouvement d’un ou plusieurs autres atomes. Il faut donc qu’il y ait une certaine harmonie dans les phénomènes mécaniques qui affectent les différentes parties d’un système.

C’est ce qui explique pourquoi Leibnitz a dit, au paragraphe 80 de la Monadologie, que si Descartes avait connu les véritables lois de la mécanique, il serait tombé dans le système de l’Harmonie préétablie.

Fin