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Note

nique qui est emmagasinée dans un poids maintenu à une certaine hauteur, ou dans un ressort tendu.

3e L’énergie moléculaire, c’est-à-dire la chaleur, l’énergie électrique, l’énergie chimique, etc.

C’est l’énergie totale, et non telle ou telle de ses parties, qui est une constante ; il peut y avoir transformation d’une certaine quantité d’énergie cinétique, en énergie potentielle ou en énergie moléculaire, mais il ne peut y avoir ni création ni destruction d’énergie.

Par exemple, la poudre contient, par suite des affinités mutuelles des corps oxydants et combustibles qui la composent, une certaine quantité d’énergie chimique ; quand elle brûle, il se développe, des gaz à une pression considérable où est emmagasinée une puissance mécanique énorme l’énergie chimique est transformée en énergie potentielle ; les gaz se détendent et lancent le projectile : l’énergie potentielle est devenue cinétique la balle est arrêtée par le but et s’échauffe au point de devenir brûlante : la force vive ou énergie cinétique s’est transformée en chaleur.

Ne soupçonnant pas la théorie mécanique de la chaleur, Leibnitz ne pouvait se rendre un compte exact du sens et de la portée de la loi qu’il avait découverte. Toutefois il énonçait cette loi aussi clairement et aussi complètement qu’on pouvait le faire de son temps :

« Et aucune partie de la force n’étant absorbée par la friction, par le milieu ou par les parties insensibles des corps, je jugeois qu’il falloit que tous ensemble fussent capables par leur impétuosité d’élever un même poids à une même hauteur, ou de bander des ressorts, déterminés à certains degrés ou de donner certaines vélocités à certains corps » (Lettre à Bayle 1702).

De la loi de la conservation de l’énergie, Leibnitz déduisait celle de la conservation de la quantité de progrès, sans doute parce qu’il supposait que l’énergie, invariable dans le mouvement absolu, devait être invariable dans le Mouvement relatif.

« Deinde sciendum est, a me distingui vim absolutam a