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Note
sur les principes de la mécanique
dans Descartes et dans Leibnitz

Par Henri Poincaré
Ingénieur des mines, professeur à la Faculté des sciences de Paris.


Les principes généraux qui servaient de fondement à la mécanique de Descartes sont absolument différents de ceux qui étaient admis par Leibnitz et qui le sont encore aujourd’hui.

Descartes croyait que dans un système de corps soustrait à toute action extérieure, la quantité de mouvement reste constante.

« D’où il suit que, puisqu’il a mû en plusieurs façons différentes les parties de la matière lorsqu’il les a créées, et qu’il les maintient toutes en la même façon et avec les mêmes lois qu’il leur a fait observer en leur création, il conserve incessamment en cette matière une égale quantité de mouvement. » (Principes de philosophie, IIe partie § 36).

Leibnitz a fait voir au contraire que, dans un système matériel soustrait à toute action extérieure, ce n’est pas la quantité de mouvement qui reste invariable, mais la quantité d’action motrice (que l’on appelle aujourd’hui énergie), et, d’autre part, la quantité de progrès, ou quantitas progressus (que les mécaniciens modernes appellent projection de la quantité de mouvement).