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3. Or là, où il n’y a point de parties, il n’y a ni étendue, ni figure, ni divisibilité possible. Et ces Monades sont les véritables Atomes[1] de la Nature et en un mot les Éléments des choses.

4. Il n’y a aussi point de dissolution à craindre, et il n’y a aucune manière concevable par laquelle une substance simple puisse périr naturellement (§ 89).

5. Par la même raison il n’y en a aucune par laquelle une substance simple puisse commencer naturellement, puisqu’elle ne saurait être formée par composition.

6. Ainsi on peut dire, que les Monades ne sauraient commencer, ni finir, que tout d’un coup, c’est-à-dire, elles ne sauraient commencer que par création et finir que par annihilation ; au lieu, que ce qui est composé, commence ou finit par parties.

7. Il n’y a pas moyen aussi d’expliquer, comment

    (V. sup., p. 41). — La question de l’existence du simple forme le sujet de la seconde antinomie de Kant. D’une part, dit Kant, la composition n’étant qu’un accident, une dénomination tout extrinsèque, on doit pouvoir en faire abstraction sans rien retrancher de la réalité du composé ; et ainsi il existe des substances simples. D’autre part, le rapport de composition supposant l’espace, et ainsi tout composé, comme tel, étant dans l’espace, les parties du composé, si petites qu’on les suppose, seront dans l’espace, et, par suite, demeureront divisibles. Donc il n’existe pas de substances simples. Au fond de la thèse leibnitienne comme au fond de l’antinomie kantienne se trouvent les théories de Leibnitz et de Kant sur l’espace ; et, comme ces théories ont au fond quelque analogie, l’opposition est moins complète qu’il ne semble au premier abord. Déjà Leibnitz établissait qu’une substance simple corporelle est inintelligible. Mais Leibnitz ajoutait que nous pouvons et devons admettre l’existence de substances simples immatérielles, tandis que, selon Kant, cette dernière thèse suppose un usage transcendant et illégitime du principe de la régression du composé au simple.

  1. Atomes formels, atomes métaphysiques, ayant, de l’atome de Démocrite, l’unité sans l’étendue, ou plutôt ayant, au lieu de l’unité illusoire de l’atome de Démocrite, une unité véritable, et, au lieu d’une existence purement phénoménale, une existence interne et substantielle (V. sup., p. 37, 40).