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les composés ; simple, c’est-à-dire, sans parties (Théod., § 10)[1].

2. Et il faut qu’il y ait des substances simples[2], puisqu’il y a des composés ; car le composé n’est autre chose qu’un amas ou aggregatum des simples[3].


    chose d’externe. Mais se représenter l’univers, et tendre à se le représenter de la manière la plus distincte possible, voilà véritablement ce qui fait d’un être une substance et non un phénomène. C’est par cette prééminence donnée à l’élément interne que Leibnitz est vraiment le créateur du concept de monade. (Voy. sup., p. 40 ss.) — C’est en 1697, dans une lettre à Fardella, que Leibnitz a employé pour la première fois le mot monade.

  1. Nous donnons (comme a déjà fait Erdmann, mais non sans quelques inexactitudes) les renvois à la Théodicée, que l’on lit, écrits de la main de Leibnitz, dans la marge de la première copie de la Monadologie.
  2. La simplicité est, pour Leibnitz, le critérium de la substantialité et de l’existence absolue. Tout ce qui se laisse décomposer n’a qu’une existence phénoménale, et la phénoménalité consiste précisément dans la réductibilité à quelque chose de plus simple. C’est là un point de vue antique. Platon y était placé, semble-t-il, quand il plaçait l’être dans les Idées ; seulement il ne poussait pas l’analyse aussi loin que Leibnitz, qui, sous la forme, voit l’action, l’effort, la virtualité. (V. sup., p. 40 ss.) Tout autre est la définition du phénomène et de la chose en soi dans Kant. Pour celui-ci, le phénomène n’est pas seulement la chose décomposable, c’est la chose aperçue à travers une sensibilité, et l’être en soi n’est pas le simple, c’est l’être tel qu’il serait perçu par un entendement intuitif.
  3. La composition n’est, pour Leibnitz, qu’un accident tout extérieur, qui ne contribue en rien à la nature même des choses ; celle-ci est tout interne. La couleur blanche, dit-il, ne change pas de nature pour être répandue sur une étendue considérable. Leibnitz estime donc que la seule manière d’aller véritablement du composé au simple, c’est d’aller de l’externe à l’interne ; et son œil de métaphysicien ne voit encore que des limites et des contours là où nous serions tentés de voir déjà la chose. Il ne s’arrêtera comme sûr de saisir enfin l’interne véritable, que lorsqu’il aura franchi, et l’essence des corps, et même la région des formes et des idées, pour arriver à la perception et à l’appétition, c’est-à-dire au for intérieur de la conscience elle-même. Selon lui, la perception et l’appétition constituent l’action même des âmes, et sont, à ce titre, ce qu’on peut concevoir de plus reculé dans l’ordre de manifestation des choses, ce qui contient la raison dernière de l’existence actuelle