constitué une révolution scientifique. Il nous apparaîtra que, malgré les différences qui les séparent en tant que philosophes, Descartes et Leibniz, hommes de science, sont mus par des aspirations et des conceptions assez semblables ; ils appartiennent à la même famille mathématique.
Enfin, si nous observons les milieux scientifiques contemporains, où trouvons-nous trace de ces divisions et de ces discordes qui agitent le camp des philosophes spéculant sur les principes de la science ? Interrogeons l’un quelconque des mathématiciens vivants : il nous dira que, si les discussions philosophiques de notre temps ont intéressé le monde savant, elles n’ont jamais fait dévier, ni influencé en aucune manière, le cours de ses conceptions. Partisans de l’arithmétisme, de la logistique ou de l’intuitionisme, se retrouvent aussitôt d’accord lorsqu’il s’agit d’effectuer ou d’interpréter une recherche technique.
Ces exemples suffisent à montrer comment une légère différence de point de vue peut transformer profondément les résultats d’une enquête sur l’histoire des théories scientifiques. La reconstitution historique faite par M. Brunschvicg est non seulement distincte de celle que nous avions en vue dans les pages précédentes, mais elle conduit, sur plusieurs points importants, à des résultats opposés.
Les raisons de cette divergence ne sont peut-être pas difficiles à deviner. N’est-ce point l’inéluctable opposition de la science qui se fait et de la