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IV

LES LOIS MÉCANIQUES.


L’objet que nous nous sommes proposé est de soumettre à un examen critique la notion que nous avons des lois de la nature, dans l’espoir d’en tirer quelque conséquence, en ce qui concerne, et le rapport de ces lois à la réalité, et la situation de la personne humaine au sein de la nature. Notre fin dernière est de savoir si, d’après l’état actuel des sciences, il nous est encore permis de nous considérer comme ayant quelque faculté d’agir librement. Nous avons, en ce sens, examiné les lois logiques et les lois mathématiques, lesquelles, à vrai dire, sont plus que des lois, et expriment les relations les plus générales, conditions de toutes les autres. Nous avons montré que les lois de la logique réelle ne se laissent déjà pas ramener exactement au seul principe qui soit très certainement connu a priori, à savoir a est a, et que le concept, le jugement, le syllogisme impliquent un élément nouveau, à savoir le multiple comme contenu dans l’un, ou encore la relation de l’explicite à l’implicite. Les mathématiques introduisent, elles aussi, des éléments nouveaux que l’esprit n’arrive pas à s’assimiler complètement : elles créent des rapports de composition ; elles diversifient l’identique à l’aide de l’intuition ; de plus, elles ne peuvent se passer, dans leurs généralisations, d’un mode de raisonnement qu’on peut appeler induction apodictique. Si les