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II

LES LOIS LOGIQUES.


Les lois qui dominent toute recherche scientifique sont les lois logiques. Par lois logiques, on entend ordinairement celles de la logique syllogistique, telles que les a formulées Aristote ; mais il existe des lois logiques plus générales encore, à savoir les trois principes d’identité, de contradiction et du tiers exclu.

Le principe d’identité peut s’exprimer ainsi : a est a. Je ne dis pas l’Être, mais simplement a, c’est-à-dire toute chose, absolument quelconque, susceptible d’être conçue ; je ne dis pas non plus a = a, car le signe = est un signe mathématique, qui limite déjà le rapport qu’il s’agit d’établir. Le principe d’identité, ainsi défini, représente le type de la possibilité. Le principe de contradiction, au contraire, représente le type du faux, de l’impossibilité logique : a est non-a, telle en est l’expression. Cette affirmation est impossible, c’est-à-dire que a et non-a ne peuvent pas être posés ensemble. Quant au principe du tiers exclu, il signifie qu’il n’y a pas de milieu entre a et non-A. On peut l’appeler le principe de la possibilité indirecte, car ce qu’il y a de nouveau dans ce qu’il énonce, c’est que, si non-a est exclu, a est posé. Le nerf de ce dernier principe, c’est que deux négations valent une affirmation. Supposez qu’entre a et non-a il y ait un milieu, ce milieu sera à la fois non-a et non-non-a : Or, si non-non-a = a, le milieu sera à la fois non-a et a, ce qui nous ramène à la contradiction. De même que le se-