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les lois générales de la physiologie, avec des processus physiologiques observables. En effet, les phénomènes de transmission nerveuse, qui sont, incontestablement des phénomènes de mouvement matériel, ne sont pas connus par la conscience. Il se peut donc que la pensée soit, elle-aussi, accompagnée de mouvements sans que nous en ayons conscience. Et ainsi, entre l’impression venue du dehors et l’action visible correspondante, il est naturel d’admettre une continuité de phénomènes physiques. Le psychologue cherche dès lors à connaître les actes psychiques par leurs antécédents et leurs conséquents physiques et physiologiques observables. Il établit des relations de cause à effet entre des phénomènes physiques et des états de conscience, en attendant que ces états de conscience soient eux-mêmes connus dans le substratum matériel qui leur est propre. Et, suivant la méthode de Descartes, la psychologie expérimentale va du simple au composé : elle se propose tout d’abord de mesurer la durée des actes psychiques, depuis l’acte le plus élémentaire, qui est la réaction simple, jusqu’aux actes plus complexes, tels que la perception d’une différence, l’action de compter, de nommer, le raisonnement de plus en plus compliqué. Ainsi elle étend de proche en proche son domaine ; et, là où l’expérimentation ne peut pas encore pénétrer, elle se contente, provisoirement, d’être descriptive, ainsi que l’entendait Bain, en considérant, non seulement les états sains, mais encore et surtout les états morbides, qui sont comme des décompositions des opérations opérées par la nature elle-même. Quelle est l’ambition de cette psychologie ? Les fondateurs, Helmholtz et Wundt, sans parler de Fechner, ne prétendent pas à l’élimination de tout élément a priori. Helmholtz admet la causalité en un sens kantien ; [114] Wundt