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l’explication de l’âme par le corps s’est de nouveau fait jour. Y-a-t il pour l’homme un autre moyen de connaître scientifiquement que de connaître par la matière ? Qui sait si la matière n’est pas précisément et exclusivement la forme que l’esprit donne aux choses quand il essaie de les connaître ? Chercher dans les choses extérieures et mesurables les expressions et les substituts des affections de l’âme, tel sera l’esprit des recherches qu’il nous reste à examiner. Mais l’effort des psychologues sera d’échapper aux difficultés qui ont compromis le cartésianisme. Celui-ci aurait voulu, d’emblée et une fois pour toutes, assurer la correspondance du psychique et du physique, et, pour y réussir, il s’engageait dans les plus difficiles recherches métaphysiques. Les modernes chercheront à établir de proche en proche, à la lumière de l’expérience, une série de relations entre les phénomènes physiques et les phénomènes psychiques considérés dans leur détail. Bain est encore, à bien des égards, un Écossais. Il se rapproche toutefois de la tendance nouvelle en concevant l’observation d’une manière qui réunit l’observation externe et l’observation interne. Selon lui, pour atteindre au réel et non pas seulement à quelque chose d’abstrait, il faut considérer le fait psychique dans sa totalité naturelle, et ne jamais isoler l’élément interne de ses concomitants physiologiques et physiques. Etudier les deux termes dans leur liaison, telle est la méthode à suivre.

Spencer, dans une vaste synthèse, fait appel à l’infini, et intercale, entre le psychique et le physique, une infinité d’intermédiaires permettant de concevoir le premier comme un produit du second. Le psychique, selon lui, trouve dans le physique son explication, en tant que les phénomènes mentaux les plus compliqués se ramè