Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/441

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA PHILOSOPHIE ÉCOSSAISE ET LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE 437

d’après les principes de Reid. La philosophie écossaise, disait-il, est l’application à l’étude de l’esprit humain de la méthode baconienne, qui est la vraie méthode scientifique. Elle prend pour sujet d’étude l’homme, et non un homme primitif hypothétique. De plus, elle a un caractère essentiellement moral. En attendant qu’une philosophie nouvelle soit née en France de la méditation de Descartes, de Pascal et de Bossuet, la philosophie de Reid est la meilleure que nous puissions adopter dans notre enseignement. Cette philosophie a d’ailleurs des racines en France ; car ses auteurs reconnaissent qu’ils ont puisé plusieurs de leurs doctrines fondamentales dans Descartes et dans le P. Buffier. Et Mauger proposait que, conformément aux idées de Reid, on remplaçât l’ancienne division : logique, métaphysique, morale, par la division suivante : 1° métaphysique (ce mot signifiant l’étude des facultés de l’âme au moyen du sens intime), 2° logique, 3° morale.

Cette première tentative n’aboutit pas. Toutefois, la philosophie nouvelle se glissa peu à peu dans l’enseignement, avec celle de Laromiguière, grâce à l’influence de l’École normale.

En 1821, l’enseignement de l’abbé de la Rivière au collège Louis-le-Grand faisait précéder la logique de considérations générales psychologiques sur l’origine de nos idées. Ce professeur enseignait que les sensations sont les premiers moyens d’instruction fournis à l’homme ; mais en même temps il admettait, sous le