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quant à lui, avec Hamilton, que cette méthode puisse conduire légitimement à l’ontologie.

À propos de cette publication, M. Félix Ravaisson écrivit, sous le titre de « Philosophie contemporaine » (Revue des Deux-Mondes, 1840), un article d’une grande beauté où, partant de cette thèse de Hamilton que le sujet et l’objet ne nous sont connus que dans leur corrélation et leur opposition, il s’efforce d’amener le philosophe écossais à franchir le cercle où celui-ci se croit nécessairement enfermé. L’observation empirique et l’induction ne sont pas, dit M. Ravaisson, quand il s’agit de notre âme, nos seuls moyens de connaître. L’aperception qu’a définie Leibnitz, la réflexion humaine proprement dite, démêle, par delà les phénomènes et les lois de l’âme, un moi volonté, tendance, amour, qui satisfait aux conditions de la substance et de la cause.

À l’influence de Hamilton se rattache une phase importante du développement philosophique de M. Renouvier. Ce philosophe, après avoir d’abord admis, comme connaissable la conciliation du fini et de l’infini, déclare bientôt, avec Hamilton, que l’union de ces deux termes échappe à notre entendement, ce qui devait le conduire à retrancher entièrement le second.

À cet ordre d’idées, et en particulier à la célèbre opposition de l’absolu et de l’infini dans Hamilton, se rattache également un grand et profond ouvrage de M. Vacherot, La Métaphysique et la science (1858), où l’éminent penseur, après avoir savamment critiqué tous