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inductions de la conscience. Le moi, ainsi, se saisira directement, comme substance et comme cause.

Cette question de la nature et de la portée de l’observation intérieure, que de bonne heure les philosophes français s’étaient posée à propos des doctrines écossaises, provoqua de leur part de nouvelles recherches, dès qu’ils furent au courant de la philosophie de Hamilton. Hamilton, à vrai dire, n’était pas un inconnu pour eux. Lorsque ce philosophe se porta candidat à la chaire de logique et de métaphysique de l’Université d’Édimbourg, Victor Cousin, dont Hamilton avait critiqué les idées dans la Revue d’Édimbourg (1829), écrivit à M. Pillaus, professeur de l’Université (1er juin 1836), pour appuyer sa candidature. « M. Hamilton, disait-il, représente excellemment en Europe l’esprit écossais. Il ne s’écarte jamais de la grand’route du sens commun ; et en même temps il a beaucoup d’esprit et de sagacité ; et je vous assure (je le sais par expérience) que sa dialectique n’est nullement commode à son adversaire. » Mais ce ne fut qu’en 1840 que l’on traduisit en français quelques écrits de Hamilton. Le savant et pénétrant Louis Peisse, versé dans la médecine, ami des hautes spéculations, jugea qu’il contribuerait au mouvement de la pensée philosophique en France, ainsi qu’a l’éducation des intelligences, en publiant la traduction des principaux opuscules de Hamilton. Or, la principale question que lui-même dégage de ces fragments est celle de la portée de la méthode psychologique. Il nie,