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celles qui nous viennent du dedans. Broussais, à l’issue de ses cours, traversait la place de l’École-de-Médecine entouré d’un groupe d’élèves enthousiastes, qu’il excitait, au nom des principes de Cabanis, contre les représentants de la nouvelle philosophie. Il travaillait à ce célèbre Traité de l’irritation et de la folie, qui parut en 1828.

Dès 1826, Jouffroy publie une traduction française des Esquisses de philosophie morale, de Dugald Stewart, avec une introduction très étendue où il revendique pour la psychologie le droit d’exister à part, en dehors de la physiologie. Il démontre, d’après les Écossais, que les faits sensibles ne sont pas les seuls qui se puissent observer ; que la conscience est, elle aussi, un instrument d’observation, un moyen de découvrir des vérités de fait d’une valeur incontestable. Il ajoute qu’en pareille matière il ne saurait suffire de ruiner une fausse méthode et d’en indiquer une nouvelle. La légitimité de la méthode expérimentale appliquée aux faits de l’esprit humain ne peut être pleinement démontrée que par les résultats. Or, en attendant que la nouvelle école philosophique française ait produit ou publié des travaux positifs qui donnent de la consistance à ses doctrines, rien ne semble plus utile que de mettre sous les yeux du public les travaux de cette école écossaise, qui, la première, a pratiqué cette méthode avec rigueur, avec suite et avec succès. À lire Dugald Stewart, on voit, par les faits mêmes, que la psychologie est possible