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en France même, commence à se manifester. Dans le même sens, l’Allemagne, depuis quelque temps, recherche avec profondeur les titres de l’esprit humain. Plus précisément l’Écosse, dans des récents travaux philosophiques, s’est proposé pour tâche l’objet même que nous réclamons. Et elle y a employé la vraie méthode, la méthode d’observation par la conscience, et non, comme Condillac, un mélange bâtard d’observation et d’hypothèse, ou, comme les Allemands, une méthode à priori qui va contre le principe de la science moderne. Ce n’est pas tout : les Écossais ont le plus vif souci des vérités morales. Hutcheson a rendu aux notions du beau et du bon un caractère propre et naturel, qui en fait des notions à part : « L’Université de Glasgow a vu la méthode exacte d’Aristote se réconcilier avec les idées éloquentes de Platon. » Shaftesbury, Hutcheson, Reid, Beattie, Oswald, Ferguson, Adam Smith, Dugald Stewart, tous ces judicieux et pénétrants esprits, en procédant avec suite et selon la bonne méthode, ont fait une œuvre solide et durable, commencement nécessaire de toute vraie philosophie.

C’est ainsi que, dès 1804, l’Histoire comparée des systèmes de Degérando, en même temps qu’elle montrait aux philosophes français une voie nouvelle, les invitait à prendre les Écossais pour guides.