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s'agit d'arriver à prouver que la vie elle-même n'est qu'un mécanisme et par conséquent tombe sous nos prises. Aussi voyons-nous Descartes s'attacher en toutes choses à l'universel, [506] lequel, une fois bien saisi, suffit à guider l'esprit dans l'étude de n'importe quel domaine particulier.

Semper ad eventum festinat.

C'est grâce à cette méthode qu'il put rêver d'achever à lui seul le projet de la science universelle. En 1637, il jugeait que les vérités qu'il avait trouvées dans les sciences n'étaient que les suites et dépendances de cinq ou six principales difficultés qu'il avait surmontées ; et il pensait n'avoir plus besoin de gagner que deux ou trois autres batailles semblables, pour venir entièrement à bout de ses desseins .

Ainsi s'explique son passage, en apparence capricieux, d'une science à une autre. Dès 1623, il néglige la géométrie . En 1629, il s'absorbe dans la méditation métaphysique. Il n'y consacre guère plus de neuf mois. En 1630, il rappelle à Mersenne qu'il a renoncé à l'étude des mathématiques depuis plusieurs années, jaloux de ne plus perdre son temps à un travail stérile. De 1629 à 1633, il s'occupe surtout de physique. A la fin du Discours de la Méthode, il annonce l'intention de n'employer le temps qui lui reste à vivre à autre chose, sinon à tirer de la physique les règles d'une médecine