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DESCARTES

l’évidence rationnelle que la société a été renouvelée en 1789.

Ainsi le cartésianisme est une pièce essentielle de l’histoire philosophique et morale des temps modernes. Mais n’appartient-il qu’à l’histoire ? N’a-t-il plus rien à nous apprendre ?

Selon le philosophe et savant anglais Huxley, loin que le système de Descartes ne soit qu’une curiosité d’érudit, il est l’âme de la philosophie comme de la science contemporaine. Notre philosophie est idéaliste, et c’est le Cogito de Descartes qui est le principe de cet idéalisme. Notre science est mécaniste, et c’est la réduction cartésienne de tout ce qui n’est pas esprit à l’étendue, qui a fondé ce mécanisme.

Indépendamment de ces directions générales, II est certain que bon nombre des questions auxquelles s’attache de préférence la spéculation contemporaine sont des legs de la philosophie de Descartes.

Tels sont, en métaphysique, le problème de l’existence, celui des rapports de la volonté et de l’entendement, celui de la certitude, celui des rapports de la science et de la métaphysique, celui des rapports de l’esprit et de la matière. La philosophie de la science agite aujourd’hui, par-dessus tout peut être, la question du rapport des mathématiques et de l’expérience. Comment et en quel sens ce qui est prouvé par démonstration peut-il s’accorder avec ce qui est connu par perception ? Comment se fait-il que la physique puisse être traitée mathématique-