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sistent par l’amour seul et n’ont que faire de ta haine. Ils ont conquis la véritable unité, laquelle n’est pas un rapprochement extérieur pratiqué en vue de la satisfaction des intérêts égoïstes, mais la participation commune des âmes individuelles à la divine personnalité. Dans le royaume du diable, au contraire, la volonté de vivre a définitivement secoué toute loi et toute direction. Elle a ce qu’elle voulait : la vie comme unique fin de la vie. Dès lors, nulle harmonie, nulle bonté, nul amour. L’égoïsme et l’anarchie règnent sans partage. L’individu est un maître ; et cette souveraineté, qui repose sur la révolte et non sur l’obéissance, est la lutte sans fin et le tourment infini.



VI


Avec l’exposition des fins dernières de toutes choses s’achève la doctrine de Boehme. Cette doctrine se présente à nous comme l’histoire métaphysique de l’Être, aperçue par l’intuition au fond de son histoire physique. Partis de l’éternel, nous sommes, à travers le temps, revenus à l’éternel. Le cercle est refermé : la révélation est accomplie.

Qu’est-ce maintenant que cette doctrine qui, chez son auteur, s’appelle : l’aurore naissante, l’explication du mystère céleste et terrestre, l’exposition de la genèse de Dieu et de toutes choses, et, d’une manière générale, le christianisme interprété selon l’esprit ?