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V


Dieu, qui déjà avait restauré l’harmonie du monde troublée par Lucifer, résolut d’appeler l’homme à la régénération. Le bien et le mal étaient maintenant en présence l’un de l’autre, non seulement dans l’éternité, mais dans le temps : Dieu décida de provoquer, dans la mesure où elle était possible, la réconciliation de ces deux principes. Selon les décrets divins antérieurs à la faute de l’homme, le Fils devait naître un jour sous la forme humaine, afin que la parole fût manifestée dans le temps. L’homme s’étant livré au diable et à la colère, Dieu décréta que la venue du Christ serait, non seulement celle d’un consommateur de la perfection humaine, mais encore celle d’un rédempteur et d’un sauveur. Il prépara cette venue par la suite des évènements que raconte l’Ancien Testament, et il donna enfin son Fils au monde pour y être couronné d’épines et crucifié. Per crucem ad lucem ! Le Christ est une créature humaine, et il est le Fils de la Vierge éternelle. En lui la mort est vaincue. Qui souffre avec lui, avec lui est glorifié.

Mais il nous faut examiner de plus près comment se réalise par Jésus-Christ le salut de l’homme.

Quand la raison entend parler de Dieu, de sa nature et de sa volonté, elle s’imagine que Dieu est quelque chose d’éloigné et d’étranger, qui habite en dehors de ce monde au-dessus des étoiles, et qui ordonne les