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fixés dans le bien, ni les mauvais dans le mal. Au temps est lié l’espace, qui rend les individus relativement indépendants les uns des autres. Et la vie dans l’espace et dans le temps a pour sujet la matière sensible ou matière proprement dite.

Le terme et la perfection de la création est l’homme, concentration harmonieuse et excellente des trois principes. Il y a en effet trois parties dans l’homme : l’âme ou puissance infinie du bien et du mal, l’esprit ou intelligence et volonté droite, et le corps ou réalité concrète. De ces trois parties, la première répond au principe de feu, la deuxième au principe de lumière, la troisième au principe d’essence ou de réalité. Les trois principes sont manifestés dans l’homme avec toute la perfection que comporte l’existence dans l’espace et le temps.

Le devoir de l’homme est de subordonner en soi le premier et le troisième principe au second, c’est-à-dire la volonté et l’action à la loi du bien ; et sa fin est d’engendrer le roi de la nature, que Dieu a résolu de susciter pour détrôner Lucifer. Comme Dieu le Père veut éternellement engendrer son cœur et son fils, ainsi l’âme doit fixer sa volonté dans le cœur de Dieu. Adam doit être la semence du Christ. La tâche dévolue à l’homme n’est d’ailleurs point purement spirituelle. Le paradis où il est placé et qu’il doit faire fleurir, est une nature sensible. C’est en travaillant à tirer de cette nature et à produire au grand jour tous les trésors qu’elle renferme, que l’homme prépare l’avènement du Fils. Le monde qui se développe