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quoique spirituel, est plus dur et plus compact que le corps glorieux de la divinité. Les anges ne sont point encore placés dans le temps : ils jouissent d’une éternité dérivée, qui est intermédiaire entre l’éternité absolue et la succession de parties indépendantes les unes des autres. En même temps que des deux premiers principes Dieu a formé les anges, il a, du troisième, formé une nature terrestre, plus concrète et matérielle que la nature divine, mais encore soumise à l’esprit et relativement harmonieuse. Cette nature est gouvernée par les anges. Tous ces êtres ont été créés pour qu’en se réfléchissant sur des surfaces plus dures la lumière divine parût plus brillante, pour que le son résonnât plus clair, pour que le royaume de la joie s’étendît en dehors du cercle de la gloire divine. Non que la manifestation de Dieu en devienne plus parfaite, car c’est au prix d’une diminution de l’harmonie que telle ou telle qualité devient ainsi plus vive. Mais il convenait à la puissance et à l’amour infinis de réaliser les possibles qui, sans trouver place dans la nature divine, présentaient encore de la perfection.

Pour accomplir leur destinée, les anges doivent aller du Père au Fils, de la colère à l’amour, à l’exemple de Dieu lui-même. Ils ont d’ailleurs été créés libres. Ils se déterminent, comme Dieu, sans contrainte extérieure. Ils sont maîtres de leurs résolutions. Or, tandis qu’une partie des anges a conformé son libre arbitre à la volonté divine, une autre s’est révoltée contre Dieu.