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Or cette action est triple et pose trois personnes, correspondant aux trois principes de la nature. Dieu est d’abord la volonté qui préside à la vie en général ou au feu éternel. En ce sens il est le Père, la puissance, la justice, la colère divine : il est comme la conscience de l’infinie activité vitale. Mais Dieu ne désire pas la vie pour la vie elle-même. Il veut la vie comme réalisation de l’idée, il veut engendrer la parole vivante. C’est pourquoi le Père donne naissance au Fils, lequel est la conscience du deuxième principe ou de la lumière, et veut la subordination de la vie au bien qui en est la raison d’être. Par le Fils, Dieu d’amour et de miséricorde, le feu de la colère est éternellement apaisé. Aussi le Fils est-il plus grand que le Père. Cependant l’existence de la volonté bonne en face de l’universelle volonté de vivre ne suffit pas à réaliser le bien : il faut que ces deux volontés se rapprochent et se concilient, et c’est ce qui a lieu dans une troisième conscience et une troisième personne, d’où découle le troisième principe, et qu’on appelle le Saint-Esprit.

Ainsi, en même temps qu’il forme la nature éternelle et grâce à l’activité même qu’il déploie en la formant, Dieu se pose véritablement comme Père, Fils et Esprit, sans abdiquer pour cela son unité. Par cela même que les trois réalisations de Dieu sont bien des personnes et nullement des choses, elles ne sont pas soumises à cette loi de l’espace et du temps, qui veut que l’unité soit incompatible avec la multiplicité. La personnalité admet la