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résultat de cette action, et où se voit et se trouve la Trinité agissante, elle n’est pas une quatrième volonté : mais elle est située en face de la Trinité comme sa représentation ou son objet. Elle est cette conciliation du désir avec la volonté, que celle-ci s’était proposé d’accomplir. Comme tout miroir, elle est passive et n’engendre point. Elles est la vierge éternelle. En elle sont toutes les perfections divines, mais comme idées et paradigmes, non comme forces et êtres vivants. Car ces perfections sont objets de volonté, non volontés elles-mêmes ; et sans la volonté, sur laquelle elle se fonde, la vie ne saurait exister. La vie et la fécondité n’appartiennent pas aux idées ou généralités, mais aux personnes seulement, en tant qu’elles agissent d’après les idées.

Telle est la genèse divine qui suit de l’apparition du désir et de la volonté au sein de l’infini primordial. Dieu, certes, est déjà loin du néant. Il se connaît comme volonté et comme volonté bonne. Mais est-il le Dieu père, tout-puissant et tout-connaissant, amour et miséricorde, lumière et joie, que nous pressentons et que nous cherchons ?

Ce Dieu, si l’on y prend garde, ne réalise point encore la personnalité. Il se connaît, il est l’intelligence. Mais l’intelligence, comme nous le voyons en nous, n’est pas quelque chose de concret et de saisissable. Ce n’est pas une essence, mais la puissance ou le germe d’une essence. Le Dieu dont l’action tout intérieure n’a d’autre