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désir par un côté, l’infini est, par un autre, ce qu’on nomme volonté. Le désir inconscient et inassouvi engendre la volonté, mais la volonté à laquelle appartiennent la connaissance et l’entendement, règle et fixe le désir. À l’un le mouvement et la vie, à l’autre l’indépendance et le commandement. La volonté est plus grande que la puissance dont elle est née. Cette qualité est l’origine de toutes les oppositions que suscitera le progrès de la révélation divine. La volonté est le germe de la personnalité divine et le fondement de toute personnalité ; le désir, essence et corps de la volonté, est le germe de la nature éternelle et le fondement de la nature sensible.

Ainsi, grâce à la présence du désir, qui fait contraste avec elle, la volonté se manifeste. Mais le oui et le non ne sont pas deux choses en dehors l’une de l’autre. C’est une seule et même chose, laquelle ne s’est divisée que pour permettre au oui de se révéler. C’est pourquoi la séparation, à son tour, est un état instable. Le oui, qui dans cette séparation est, en lui-même, dépourvu d’essence et ténu comme un rien, fait effort pour se rendre concret en absorbant le non et en reconstituant l’unité à son profit. Aux deux termes opposés, désir et volonté, se superpose ainsi un troisième terme, qui est l’idée d’une conciliation du premier avec le second. La production de ce troisième terme est l’œuvre de l’imagination. Cette faculté est, d’une manière générale, le désir s’appliquant à une image et tendant à l’absorber, comme la