nitive qu’une clef et qu’une mesure de l’œuvre d’un penseur comme d’un artiste, c’est cette œuvre même. L’auteur est le moule qu’on brise pour voir la statue.
II
Que trouvons-nous donc dans l’œuvre de Boehme si nous la considérons en elle-même, tant dans son esprit et sa signification interne, comme le veut l’auteur, que dans son contenu réel et objectif, comme le veut l’histoire ?
Et d’abord quel est le mobile des réflexions du cordonnier théosophe ?
« Depuis ma jeunesse, nous dit-il, je n’ai cherché qu’une chose : le salut de mon âme, le moyen de conquérir et de posséder le royaume de Dieu. » Il n’y a là en apparence qu’un objet tout pratique et religieux ; mais dans l’esprit de Boehme cet objet va provoquer de profondes spéculations métaphysiques.
Il a appris des mystiques ce que c’est que posséder Dieu. Il faut se garder, enseignent ces maîtres, d’assimiler la possession de Dieu à la possession d’une chose matérielle. Dieu est esprit, c’est-à-dire, pour qui comprend la valeur de ce terme, puissance génératrice antérieure à toute essence, même à l’essence divine. Dieu est esprit, c’est-à-dire volonté pure, infinie et libre, se donnant pour objet la réalisation de sa propre personnalité. Dès lors on ne peut recevoir Dieu par une