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restre, sidérale et divine, dont se compose l’univers créé.

À ce mouvement d’idées, Boehme, dès sa jeunesse, prend avidement part. Dans les voyages qu’il fait comme compagnon cordonnier afin de devenir maître, il s’entretient des choses religieuses et théosophiques, il observe, il lit et il réfléchit. Ses lectures, peu nombreuses, portent sur des livres importants et sont très approfondies. Le livre des livres est pour lui la Bible, cette parole vibrante et profonde qui, surtout depuis Luther, est l’aiguillon le plus puissant de la réflexion. Mais Boehme a lu en outre les écrits de beaucoup de maîtres. Il a lu Schwenckfeld, et il a remarqué ses objections contre cette doctrine de la satisfaction vicaire, qui tend à remplacer par une action extérieure et accidentelle l’opération interne de la grâce, seule source possible de la conversion essentielle. Il a lu Paracelse, et il a goûté en lui l’apôtre enthousiaste de la vie, le révélateur de la puissance magique de l’imagination, le voyant qui retrouve dans le monde et dans l’homme naturel cette image de Dieu que les mystiques ne savaient plus y voir. Il a étudié l’alchimie, et il en a cherché le sens spirituel et vrai. La transmutation a été pour lui le symbole de la nouvelle naissance à laquelle l’homme est appelé ; la pierre des philosophes s’est réalisée à ses yeux dans la puissance de la foi et de l’abandon à Dieu. Il a lu Valentin Weigel, et il s’est imprégné du mysticisme spiritualiste que ce pieux pasteur a hérité de Tauler, de la