l’on se demandera s’il ne mérite pas le nom de philosophe allemand, qui lui fut donné, de son vivant même, par son admirateur et ami le docteur Walther.
À première vue, il est vrai, ce nom ne semble guère lui convenir. Boehme n’est pas un savant, un dialecticien, ni même un chercheur désintéressé. Fils de paysans, il a commencé par garder les bestiaux. Puis il est devenu cordonnier à Görlitz, ville voisine de son lieu de naissance, et il a consciencieusement exercé son métier dans la crainte du Seigneur. Il a épousé la fille d’un honorable boucher de la ville, Catharina Kuntzschmann, dont il a eu quatre fils, et, dit-on, deux filles. Il a élevé ses fils selon sa condition et en a fait des ouvriers. Il a vécu dans la piété, la simplicité et l’humilité chrétienne. Il ne cessait, il est vrai, de méditer sur les choses religieuses. Mais tout son souci était, nous dit-il, de chercher dans le cœur de Dieu un abri contre la colère divine et contre la méchanceté du diable. Il a écrit ; son œuvre est même considérable. Mais à quelle source a-t-il puisé ? Il n’a lu ni les classiques ni les scolastiques, il ne connaît que les mystiques et les théosophes. Et même, ce qu’il sait, il le doit avant tout à des révélations personnelles et surnaturelles. Quatre fois la lumière céleste lui est apparue ; il a vu, tantôt le Christ, tantôt la Vierge éternelle ; et, dans ces apparitions il en a plus appris, en quelques instants, que s’il avait pendant des années fréquenté les écoles. En tête de chacun de ses ouvrages on lit :