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SOCRATE

par l’oracle de Delphes de mettre les faux sages à la question et de les amener à confesser leur ignorance. Socrate est le dieu de la discussion, « an elenchtic or cross-examining god[1] ». Son œuvre, religieuse par l’inspiration, est en elle-même une dialectique vivante.

Avec M. Fouillée, Socrate devient un spéculatif, substituant aux causes physiques les causes finales pour l’explication de tous les phénomènes, tant physiques que moraux. Il est le créateur de la métaphysique spiritualiste. Pour M. Ch. Lévêque[2], Socrate tenta la réforme morale et politique d’Athènes, et, dans cette vue, constitua la morale comme une science indépendante des sciences physiques.

M. Janet, dans une courte, mais substantielle notice du Dictionnaire philosophique, présente Socrate comme étant avant tout un philosophe ; il le caractérise principalement par deux traits le sentiment moral, lequel domine dans sa personne et remplit sa doctrine tout entière, et la maïeutique, d’où devait sortir la dialectique platonicienne.

Dans un opuscule publié en 1881, M. Gustave d’Eichthal estime que le point éminent de la doctrine socratique est l’enseignement religieux. Socrate, dit-il, pour arrêter les maux qu’il voyait fondre sur sa patrie,

  1. History of Greece, t. VIII, p. 566.
  2. Cours sur les théories politiques des Grecs. Rev. polit. et littér., 1871-1872, p. 468.