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XIVe siècle. L’Incendie de 1371.

La peste vint ensuite ; autour de la Grande Chartreuse, elle emporta les trois quarts des habitants de la Ruchère, et dans un hameau de Saint-Laurent-du-Pont ne laissa absolument personne ; de là, à ce que l’on prétend, le nom de Némos (Nemo, personne) que ce village porte encore.

L’Ordre des Chartreux, déjà si éprouvé par les ravages de la contagion, devait encore passer par des malheurs aussi grands sous le généralat du R. P. Dom Guillaume Raynaldy.


La Grande Chartreuse, comme nous l’avons dit plus haut, fut complètement brûlée en 1320 ; les différents Généraux, depuis Aymon d’Aoste, travaillèrent peu à peu à la reconstruire et à l’agrandir ; mais les travaux avançaient avec une telle lenteur que, la première année après son élection (1368), le R. P. Dom Guillaume se trouva dans la nécessité d’imposer une taxe générale pour subvenir aux impérieuses nécessités de la maison-mère. Trois années après, un accident fortuit mit le comble à tant de maux et plongea la Chartreuse dans la plus complète misère. Pendant l’été de 1371, les religieux, comme il était d’usage à cette époque, prenaient quelques moments de repos au milieu du jour, lorsque soudain le feu se déclara à la cuisine avec une extrême violence : les flammes sortent de tous côtés ; en un clin d’œil, l’église, le cloître, les obédiences, les chambres des Provinces, tout est en feu. Sans tarder, les religieux et les domestiques se mettent en devoir de maîtriser l’incendie ; le R. P. Dom Guillaume paraît à son tour sur le lieu du sinistre : du pre-