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XIe siècle. S. Bruno, fondateur.

du Dauphiné ; ils se prirent à regretter leur première retraite, et, cédant sans difficulté aux exhortations de saint Bruno et aux désirs du chef de l’Église qui ne songeait nullement à détruire une œuvre si sainte[1], ils retournèrent dans leurs paisibles cellules et eurent la joie de voir revenir à eux tous leurs anciens confrères : partis dans les premiers mois de 1090, ils sont déjà de retour au 15 des calendes d’octobre (17 septembre) de la même année[2].

À Rome, le Pape voulut employer Bruno à la préparation des Conciles, mais il dut comprendre vite que Dieu appelait notre Saint à une plus haute vocation. Bruno, en effet, se trouvait malheureux et dépaysé au milieu des agitations du monde ; aussi fit-il instances sur instances pour obtenir la permission de se retirer de nouveau au désert. Il mettait ainsi le premier en pratique ce conseil donné par nos plus anciens Statuts : « Un Chartreux doit être fortement persuadé que la cellule est aussi nécessaire à la santé et à la vie de son âme que les eaux le sont aux poissons, et les bergeries aux brebis[3]. » Le pape Urbain, craignant de s’opposer à la volonté de Dieu, accorda à Bruno la permission qu’il sollicitait, à condition toutefois qu’il ne quitterait point l’Italie. À la fin de cette même année 1090, après être resté à peine quelques mois à la Cour pontificale[4], saint Bruno

  1. Lettre d’Urbain II à l’Abbé de la Chaise-Dieu ; apud Acta SS., p. 632.
  2. Brev. Histor. ap. Martène.
  3. Consuetudines, cap. XXXI.
  4. Brevi tempore. Manuscrit de la chartreuse du Mont-