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Raspail, descendu du faubourg Saint-Marceau, avec cette masse armée, qui inondait la place et les quais, se présente à la grille :

— « On ne passe pas !

— « Le peuple passe ! »

Et le peuple se met en devoir d’ébranler la grille à son signal. Arrivé au premier étage, suivi d’une cinquantaine d’hommes déterminés, il pénètre de salle en salle jusqu’à celle des délibérations, et entre seul au milieu du Gouvernement. Ceux qui le connaissaient se lèvent à son aspect, comme à une apparition :

— « Que faites vous ici ? s’écrie-t-il avec un air magnifique. On dit que vous hésitez à proclamer la République et qu’une régence va dominer la Révolution ! Malheur à vous si vous y pensez !

S’adressant à Lamartine :

— « Vous parliez tout-à-l’heure à ce peuple de ses impatiences, et vous lui demandez deux jours encore pour vous décider ?

Au général Bedeau, en grand costume, la poitrine couverte d’étoiles :

— « Pourquoi ces hochets ? Mettez-vous à cette fenêtre, écoutez ces cris, ces clameurs ; voyez ces épées nues, ces fusils. Si vous n’avez pas mis