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la scène dont on n’a pas encore dit le dernier mot.

Quand je retournai au boulevart Saint-Denis, je retrouvai Lamieussens ; il allait et venait du National au faubourg. Tout à coup, une décharge se fait entendre, et le cri aux armes retentit.

Je ne sais ce qui se passa en moi, mais je sentis mon sang refluer vers mon cœur ; je pris machinalement la direction de la Madeleine, et j’arrivai encore à temps, pour voir quelques cadavres palpitants encore, et entourés de curieux, cherchant à les ranimer. Je voulus avancer, mais, à peine avais-je fait quelques pas, que le boulevart se trouva désert et dans l’obscurité. Je m’arrêtai devant un tas de chapeaux et de casquettes… Sans rien demander à personne, je retournai sur mes pas, et je me trouvai je ne sais comment au National. C’était encombré. Je cherchai des visages, je ne reconnus personne :

— « Qu’allons-nous faire ? Dites-nous quelque chose ?

— « Remuez les pavés !

— « Et des armes ?

— « Nous n’en avons pas.

— « Et si la Royauté veut se défendre ?