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TAINE 25

Ce que la méthode de Taine lui a donné et nous donne par lui, c’est, sur toutes les parties qui forment des masses dans le tableau de l’histoire et de la science, un établissement, une possession, une maîtrise que rien ne pourra éhranler et, sur tous les alentours, des perspectives étonnamment profondes. Ce logicien abonclait en vues générales. Des vues générales sont le point de départ et la fin de toutes ses spéculations. Mais, par une évolution caractéristique, la langue idéologique lui était devenue de plus en plus suspecte ; elle lui faisait l’effet d’une langue algébrique, moins la précision de l’algèbre. En psychologie, en histoire, en politique, une suite un peu longue de propositions abstraites lui causait une sorte de malaise, comme si on l’eût tenu trop longtemps en l’air et loin du sol ferme. Il avait un besoin impatient de les retraduire en langage concret, d’accompagner chaque idée d’une sensation, de l’éclairer par une de ces comparaisons lumi-