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moins comme une statue de sa gangue de marbre brut, mais qu’il n’en est pas, qu’il n’en sera jamais entièrement dégagé. Il a exprimé cette idée avec des mots d’une rudesse loyalement voulue, il l’a rendue sensible par des comparaisons parfois un peu offensives, que provoquait sans doute la pruderie irritante d’un certain spiritualisme. Il a pu ainsi prêter à l’équivoque. Mais il ne faut pas s’y tromper. Oui, certes, il ne voyait pas la plante humaine autrement que le pied dans le sol, toute vie lui venant par ses racines, les eaux du ciel même prenant cette voie pour la nourrir. Après tout, c’est la seule manière dont on ait vu jamais une plante croître et s’épanouir. Mais quel homme a mieux connu, a regardé avec plus d'intérêt, a respire plus délicieusement les fleurs spirituelles qui perlent sur cette tige ? Quel plaisir il goûtait à voir les sucs grossiers, les sels épais puisés dans la terre, monter en s’épurant, se transformer en