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LES TYPOGRAPHES. 47

le nombre est grand de ceux qui ont échoué dans les tentatives qu’ils ont faites pour se créer, dans un autre milieu, une situation indépendante. Nous avons connu un des correcteurs les plus distingués de Paris, auteur d’un petit ouvrage professionnel très répandu dans les imprimeries, qui, cédant aux désirs de sa femme, quitta son emploi pour aller habiter en province. Au bout d’un ou de deux ans, il s’aperçut qu’il avait commis une imprudence et chercha à se rapprocher de la grande ville. Un beau matin, il vint s’installer à Saint-Germain, lui, sa femme et ses filles, comptant sur une promesse qui lui avait été faite antérieurement par un imprimeur de cette ville de lui fournir du travail. Huit jours après son arrivée, il se rend à l’imprimerie, où il apprend que le maître imprimeur est mort depuis plus de six mois. La promesse sur laquelle il comptait lui avait été faite… sept ans auparavant, et il avait négligé de prendre de nouvelles informations. Il revint à Paris, suivi de sa femme et de ses grandes demoiselles, loua, sans y prendre garde, un appartement dans une rue mal famée ; en sorte que ces pauvres dames ne purent jamais sortir le soir. Il fut tout heureux alors de se voir accueilli par son ancien patron et de reprendre sa vie d’autrefois.

Notons en passant quelques types. En voici un assez curieux : c’est un petit homme légèrement obèse, dont la physionomie rappelle vaguement celle de Sainte-Beuve ; comme l’auteur des Causeries du lundi, il ne perd pas une ligne de sa taille. Il est instruit, correcteur expérimenté, mais irascible et