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LES TYPOGRAPHES. 43

leuse des règles de l’art ; se livrer pendant de longues heures à la double opération de la lecture par l’esprit et de la lecture par le regard, sur les sujets les plus divers, et toujours sur un texte nouveau où chaque mot peut cacher un piège, parce que l’auteur, emporté par sa pensée, a lu, non pas ce qui est imprimé, mais ce qui aurait dû l’être : telles sont les principales attributions d’une profession que les écrivains de tous les temps ont regardée comme la plus importante de l’art typographique. »

Les correcteurs se divisent en trois catégories : le correcteur en première, le correcteur en seconde ou en bon à tirer, et le reviseur de tierces. Le premier accomplit sa tâche en se conformant strictement au manuscrit de l’auteur, dont il élague toutefois les fautes d’orthographe et de ponctuation qui auraient été reproduites par le compositeur. La correction de l’épreuve en première est faite par le compositeur et à ses frais : de là la nécessité de ne rien changer à la copie ; de là aussi une cause incessante de discussions entre les correcteurs en première et les typographes, ceux-ci se persuadant facilement que les fautes marquées sont des changements. Il est juste d’ajouter que le correcteur, en présence d’une phrase mal construite, ne résiste pas toujours à la tentation de la modifier.

Le correcteur en bon, lui, est plus libre : il ne lit qu’après l’auteur, et les fautes qu’il relève sont corrigées par la conscience, aux frais de l’éditeur.

Le reviseur de tierces est chargé de vérifier si les corrections indiquées sur le bon ont été exécutées ; c’est lui aussi qui voit les revisions, c’est-à-dire les