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LES TYPOGRAPHES. 31

que les poivreaux sont aujourd’hui en minorité. Ils sont, on le conçoit aisément, le fléau des marchands de vin, et il n’est pas de ruses auxquelles ils n’aient recours pour échapper aux loups, c’est-à-dire à leurs créanciers, le jour où ils touchent leur maigre banque. Il nous revient en mémoire un moyen assez piquant, employé par l’un d’eux pour sortir de l’imprimerie sans être harcelé par les loups qui l’attendaient à la porte. Le quidam en question imagina de se blottir dans une de ces voitures à bras couvertes que traînent les hommes de peine et qui servent à transporter chez le brocheur les feuilles imprimées. L’homme de peine de la maison se prêta de bonne grâce à la ruse et se mit en devoir de voiturer son fardeau au dehors ; mais le personnage était gros et lourd : un de ses créanciers s’approcha complaisamment, poussa à la roue et contribua ainsi à la fuite de son débiteur ; en sorte que le loup et ses confrères restèrent à se morfondre à la porte pendant plusieurs heures, tandis que le louvetier désaltérait son complice et son sauveur chez un marchand de vin du voisinage.


L’anecdote n’est point à dédaigner, surtout dans la matière qui nous occupe, et bien souvent elle caractérise une individualité mieux que ne le pourraient faire de prolixes descriptions. En voici quelques-unes parfaitement authentiques, « congruentes » à notre sujet.

La semaine a été rude ; les auteurs et les éditeurs ont mis l’atelier sur les dents, aussi bien les metteurs