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28 LES TYPOGRAPHES.

fouriériste, châteliste, etc. » On doit se souvenir que ce sont des typographes qui ont commencé la révolution de 1830. Leurs successeurs appartiennent presque tous à l’opinion républicaine, et la nuance des journaux auxquels ils sont employés ne déteint que très peu sur eux.

L’ouvrier compositeur se croit, en général, apte à tout ; mais, parmi les carrières qui lui offrent le plus d’attrait, il faut ranger en première ligne la carrière théâtrale. C’est pour beaucoup de typographes une idée fixe, un hanneton, comme on dit dans les ateliers. La typographie parisienne a une troupe théâtrale exclusivement composée de compositeurs et de leurs femmes ou de leurs sœurs ; cette troupe joue la comédie comme une troupe de province. Nous avons assisté à quelques-unes de ces représentations, et nous nous sommes retiré très satisfait : la plupart des acteurs possédaient bien les planches et s’acquittaient de leur rôle avec tact et intelligence. Peut-être laissent-ils pourtant trop à faire au souffleur. Cette société, organisée dans un but purement philanthropique, verse environ deux mille francs par an aux confrères besogneux.

Il y a aussi des poètes parmi les fils de Gutenberg ; sans parler d’Hégésippe Moreau et de Déranger, qui furent compositeurs, on compte dans la famille typographique de nombreux amants de la Muse, qui, pour être moins célèbres, ne sont pourtant pas sans mérite. Ceux-là, ouvriers laborieux, n’abandonnent point la casse pour les applaudissements de la foule, et ils ne voient dans la poésie qu’une douce diversion aux