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26 LES TYPOGRAPHES.

à l’heure, et font partie de la conscience. Les gains sont, on le conçoit, inégaux suivant les aptitudes et l’assiduité au travail. Les journalistes sont les mieux rétribués.

Au point de vue des types et des caractères individuels, il est impossible d’établir des divisions précises. Le typographe est un être « ondoyant et divers, » essentiellement fantaisiste et prime-sautier. Pourtant, nous distinguerons les genres suivants. C’est d’abord le gourgousseur, qui ne sait pas renfermer en lui-même ses impressions et qui les exhale à tout propos en plaintes, en récriminations, en doléances de toute sorte. De mémoire de compositeur, personne n’a vu le gourgousseur satisfait. Son caractère morose et grondeur fait le vide autour de lui mieux que ne le ferait une machine pneumatique. Le gourgousseur est presque toujours en même temps chevrotin, c’est-à-dire facilement irascible. Le fricoteur, lui, est une véritable plaie pour l’atelier. On l’appelle encore pilleur de boîtes. Le premier arrivé à l’atelier, il passe rapidement en revue les casses des camarades qui travaillent sur le même caractère que le sien et prélève un impôt sur chacun. Dans sa conscience, il ne considère pas cela comme un vol, et pourtant c’en est un véritable, puisqu’il s’empare du résultat du travail de ses confrères. Comme tous les coquins, le fricoteur est doué d’une certaine audace ; il a le verbe haut, cherche à intimider ses victimes et joint souvent à ses défauts celui d’être gourgousseur. Le typographe casanier est moins rare qu’on ne pourrait le supposer. Il se reconnaît à des signes particuliers : « Dès qu’il