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LES TYPOGRAPHES. 23

comme le singe, dont il est l’imitateur par ses mouvements. En été, pour parer à la chaleur, il tend au-dessus de sa tête des cordes sur lesquelles il place des maculatures. En hiver, il corrompt l’homme de peine préposé à la distribution du charbon en lui offrant le canon de l’estime et la goutte de l’amitié, afin d’obtenir une deuxième édition de combustible. Lorsqu’il pleut, il a le choix ou de placer un parapluie au-dessus de sa tête, ou de recevoir l’eau, ce qui avec le temps ne laisse pas d’être agréable ; car il se voit obligé de recourir au marchand de vin le plus voisin, afin de combattre d’une façon homéopathique la fraîcheur extérieure du corps. Dans les imprimeries qui appartiennent à la seconde classe, les désagréments sont moins nombreux ; mais les ouvriers placés auprès des fenêtres voient seuls à travailler ; pour les autres, ils ne voient rien, si ce n’est qu’ils ne voient pas. Inutile de parler de la troisième catégorie d’ateliers. Tous les désagréments s’y trouvent réunis. Ajoutons un détail : dans les ateliers de composition, il est de règle de nettoyer le moins possible ; le parquet est, il est vrai, balayé deux fois par semaine, mais les murs ne sont jamais reblanchis, les carreaux de vitre sont lavés au plus une fois l’an ; ce qui donne à la salle un aspect sombre et mystérieux ; elle a l’air enfumé d’un tableau de Rembrandt[1]. »

Voici à ce sujet une piquante anecdote que nous fournit l’ouvrage cité plus haut : « Il arriva un jour

  1. Typographes et gens de lettres, ouvrage très intéressant, que nous recommandons à l’attention des lecteurs.