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LES TYPOGRAPHES. 5

est la cause, l’imprimeur est l’effet. La blouse professe un mépris injurieux pour ce collaborateur obligé qu’elle foule sous ses pieds ; car les imprimeurs, avec leurs lourdes presses, sont relégués à l’étage inférieur. Mais le bonnet de papier, dont les gains sont souvent plus forts et plus réguliers que ceux de son antagoniste, s’en venge en lui appliquant l’épithète de singe, soit à cause des gestes drolatiques que fait en besognant le compositeur, soit parce que son occupation consiste à reproduire l’œuvre d’autrui. »

Dans le passage que nous venons de citer, le typographe est parfaitement défini ; mais ce qui regarde le pressier a cessé d’être vrai ; le pressier, en effet, a presque disparu partout ; il a été remplacé par le conducteur de machines, lequel n’est, en général, que très peu supérieur à son devancier. Ses gains se sont accrus ; mais sa culture intellectuelle n’a pas suivi une marche ascendante analogue. Mieux rétribué que le typographe proprement dit, nous devons cependant reconnaître qu’il lui est encore inférieur sous le rapport des idées et des aspirations. Nous avons rencontré toutefois des individualités remarquables à tous égards et qui deviennent, de jour en jour plus nombreuses.

Au point de vue de la hiérarchie, les typographes peuvent être rangés sous trois catégories : le prote, le metteur en pages et le paquetier ; mais ces distinctions sont, à vrai dire, à peu près fictives : un prote peut perdre son emploi et redevenir metteur en pages ou chef de conscience. Il n’est pas rare de voir


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