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122 COQUILLES.

Assez de vers. Passons à la prose.

Un libraire avait fait imprimer un missel de son diocèse. Dans l’indication des rubriques se trouvait cette phrase, immédiatement avant l’élévation : Ici le prêtre ôte sa calotte. Dans le dernier mot, un u perfide vint prendre la place de l’a ; en sorte que l’indication se trouva transformée de la manière suivante : Ici le prêtre ôte sa culotte. Qu’eussent dit, mon Dieu, les paroissiens de cet ecclésiastique éhonté s’il s’était conformé au texte ?

Que dites-vous de celle-ci, qui s’étale en grosses lettres au titre d’un ouvrage religieux publié par une des maisons de librairie de la place Saint-Sulpice :

« L’âne contemplant son Créateur ? »

Quel bond dut faire l’auteur en recevant le premier exemplaire de son livre ! Le malheureux avait écrit :

« L’âme contemplant son Créateur. »

Voilà ; faute d’une jambe ! On a vu que Martin perdit son abbaye faute d’un point.

L’abbé Sieyès, l’auteur de la fameuse brochure : Qu’est-ce que le tiers état ? Tout ! Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien… et qui devint plus tard comte de l’Empire, trouva dans une épreuve d’un discours justificatif de sa conduite : « J’ai abjuré la République…, » au lieu de « J’ai adjuré la République… » — « Vous voulez donc me faire guillotiner ? » dit-il, furieux, à l’imprimeur.