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COQUILLES. 113


la célébration de l’union conjugale — ce que nous appellerions aujourd’hui la bénédiction nuptiale — le mari jetait à terre des noisettes et des noix que se disputaient les enfants, pour marquer qu’il renonçait désormais aux choses de peu d’importance, aux bagatelles, aux étourderies, en un mot. Sparge, marite, nuces, chante un berger de Virgile dans la huitième églogue. En cette circonstance, nuces devenait synonyme de nugæ. Or, de la noix à sa coquille il n’y a pas loin, on en conviendra. Substituez l’une à l’autre, et vous aurez pour le mot coquille, pris figurément, la signification « d’étourderie, faute commise par étourderie. » C’est précisément ce qu’on entend par ce mot dans le langage typographique.

On nous accusera peut-être d’avoir usé d’un peu de subtilité et de dextérité pour arriver à notre but. Nous en conviendrons volontiers, à une condition : trouvez mieux, ou dites : « C’est bien possible ! »

Ah ! il y a aussi l’huître… et sa coquille. Dans ce cas, l’huître serait… Halte là ! Par amour de la philologie, ne nous laissons pas entraîner à d’irrévérencieuses hypothèses.

Nous avons dit quelles sont les principales causes des coquilles. En général, ces erreurs, la plupart grotesques, ne tirent pas autrement à conséquence.

Toutefois il n’en a pas toujours été ainsi ; en voici quelques exemples : Un célèbre imprimeur allemand donnait une nouvelle traduction de la Bible. Sa femme, pour qui l’autorité maritale n’était pas un article de foi, malgré le texte sacré, s’introduisit furtivement une nuit dans l’atelier où se trouvaient les formes typographiques. Arrivée à la sentence de soumission prononcée contre Ève dans la Genèse