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d’autant plus incorrigibles que leurs partisans entonneront de bonne foi des louanges à leur adresse. Les dons qu’on accorde au suffrage populaire, celui d’être généralement impeccable, celui d’être généralement d’accord avec l’intérêt public, celui même d’être généralement l’expression fidèle de la volonté nationale, ne sont que l’écho des acclamations irréfléchies qui ont salué sa victoire sur ses rivaux. Le suffrage est une chose humaine, et comme tel il porte avec lui les insuffisances et les impropriétés sur lesquelles il faut rouvrir les yeux si on les a un instant fermés.

Le personnage qui prit alors la parole était un homme à la physionomie peu mobile, au regard presque éteint ; il n’était remarquable que par l’admirable structure de sa tête, par son large front et sa puissante dolichocéphalie ; nous l’appelions « l’Historien » parce qu’il s’était un jour avisé de faire de l’histoire, mais ce nom ne convenait guère à un homme chez lequel les faits, au lieu de s’arranger en simple série linéaire, s’organisaient uniformément comme une preuve, avec une majeure, une mineure et une conclusion.