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M. Sorel : l’historien, l’écrivain, le psychologue, le patriote et le professeur, à considérer chacun d’eux à part et à les caractériser, afin de mieux connaître l’homme qui les réunit en sa personne. C’est ce que je voudrais essayer de faire brièvement. L’un de ces personnages est l’historien. C’est le principal et le premier ; il l’emporte sur tous les autres. L’historien se distingue du romancier et du pamphlétaire par son désir sincère de reproduire sans parti pris la réalité. Il n’est véridique qu’à la condition d’être honnête, honnête qu’à la condition d’être sérieux, et ces trois qualités se réunissent pour exiger qu’il soit exact jusqu’au scrupule. Sorel a été tout cela. Il s’était créé dès l’origine, et il a continué d’observer jusqu’à la fin, une méthode de notation qui l’assurait contre le péril, non de ne pas tout connaître, c’est chose impossible, mais de mal interpréter, de mal qualifier les événements, de se satisfaire avec un ordre incertain et grossier, où l’on n’est pas sûr que tout soit à sa place et à son rang, de prendre parfois l’effet pour la cause et la cause pour l’effet, faute de bien savoir lequel est venu le premier dans le