Page:Boutillier - Excursion en Auvergne.pdf/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 7 —

pittoresque qu’à chaque instant le touriste découvre de charmants paysages, de ravissants tableaux, que l’on pourrait comparer à ceux de la plus brillante galerie, si la sublime et inépuisable nature n’était pas au-dessus de toutes les imitations qu’essaie d’en faire même le génie.

Les montagnes de ce département offrent les vestiges de l’un des plus terribles incendies du globe ; les déjections volcaniques ont coulé avec une telle abondance qu’elles ont recouvert tout l’ancien sol. C’est avec une avide curiosité que l’œil parcourt ce terrain scorifié et ces énormes boursoufflures, dont quelques-unes montrent encore leurs cratères éteints environnés de matières poreuses et légères. Du sommet de ces hautes éminences, jadis vomies par d’épouvantables fournaises et aujourd’hui gracieusement revêtues d’une éclatante parure, l’observateur attentif peut encore suivre, par la pensée, les ondulations des flots bouillonnants de lave avant leur solidification et assister ainsi aux effroyables déchainements des forces souterraines.

La nature semble communément traiter en marâtre les régions montagneuses et ne composer leur livrée que des attributs lugubres de sa sévérité ; mais elle a fait une généreuse exception en faveur des cônes pierreux du Puy-de-Dôme, qu’elle à décorés d’une luxuriante végétation. D’épais rideaux de forêts voilent la base de ces montagnes ; leurs flancs sont tapissés d’herbes fraiches, de gazons touffus, qu’émaillent et parfument à l’envi les plus élégantes